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Les palais Ottomans, joyaux de la Casbah d’Alger, menacent ruine dans l’indifférence générale

Par Maghreb Émergent 4 mai 2014
Le palais Mustapha Pacha est l'un des rares joyaux de la Casbah à avoir été sauvé du délabrement (DR)

Joyaux architecturaux et témoins du passé glorieux d’Alger, les palais qui se dressent encore au milieu des ruines de la Casbah servent désormais de sièges d’administrations ou des musées, pour les plus chanceux, une affectation qui leur fait perdre leur faste et les intègre comme des édifices quelconques dans la ville.

 

Construits et occupés par des dignitaires ottomans comme Hassen Pacha, Mustapha Pacha ou des Rais (capitaine de la flotte algérienne sous la régence Ottomane), ces palais ont autant servi de résidences de notables que de hauts lieux de l’exercice du pouvoir politique durant la régence. Après plusieurs opérations de restauration, ces palais, aujourd’hui tous sous tutelle du ministère de la Culture ou celui des Affaires religieuses, assurent une autre fonction qui ne garantit pas toujours leur préservation.
Parmi les mieux entretenus, le palais de Mustapha Pacha, construit en 1798, D’abord résidence principale du dignitaire Ottoman du même nom, puis bibliothèque nationale sous occupation française jusqu’en 1948, il abrite depuis 2007 le Musée national de l’enluminure, de la miniature et de la calligraphie.
Restaurations approximatives
Des historiens, ainsi que le directeur du musée lui-même, avouent que la restauration de l’édifice n’a pas restitué aux lieux leur aspect initial : les éléments décoratifs (faïences, portes barreaux de fenêtre et carrelage), souvent reconstitués à partir de matériaux modernes et « inappropriés », ont abouti à des répliques approximatives, faisant perdre à l’ensemble son authenticité.
Non loin de ce palais, se dresse Dar Hassen Pacha, une autre résidence de prestige construite en 1791 pour le Dey d’Alger, sur le flanc de la mosquée Ketchaoua. Elle affiche aujourd’hui une mine défraîchie, accentuant l’impression d’abandon, même si à l’intérieur, les travaux de restauration, entamés voici quelques années, semblent bien avancer.
Siège du premier gouvernement français, après qu’il eut subi quelques modifications architecturales, puis siège administratif du ministère des Affaires religieuses après l’indépendance, le « Palais d’hiver » du Dey d’Alger expose aujourd’hui une face hideuse, avec une entrée obstruée par de gros amas de détritus.
En face de ce palais, s’élève un des plus vieux palais de la Casbah d’Alger et dernier témoin vivant de la Djenina (ensemble de palais rasés par l’administration française juste après la prise d’Alger), Dar Aziza dont la construction remonte à la fin du 16e siècle. Propriété du Waqf, il abrite aujourd’hui le siège de l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (Ogebc). Plusieurs travaux de réhabilitation y ont été menés. Les derniers datent de 2003.
Boiserie entamée, colonnes, murs et planchers fragilisés par les infiltrations d’eau de pluie, il offre l’exemple d’une réhabilitation mal conçue, bien que les lieux soient, actuellement, occupés par une institution chargée de la gestion et protection des biens culturels.
Dans le même quartier, Dar Khedaoudj El Amia, une demeure du 16e siècle édifiée par un officier de la Marine, Rais Yahia, abrite depuis 1987 le Musée des arts et traditions populaires après avoir été affectée au siège de la première mairie française d’Alger, en 1909. Après une première série de travaux de restauration, commencés à la suite du séisme de mai 2003, ce palais dont l’ensemble reste toujours fragilisé, n’est plus maintenu, sur une de ses façades, que par des poutres d’étaiement posées voilà plus de cinq ans.
Livrés récemment, après plusieurs années de réfection, Dar Essouf, et Dar el Kadi, abritent aujourd’hui l’Ecole nationale de conservation des biens culturels, pour le premier, et le siège de l’Agence nationale des secteurs sauvegardés pour le second.
Réhabilités, mais fermés au public
Devant l’état de délabrement de la vieille médina, de nombreux observateurs s’interrogent sur l’objectif de restaurer ces palais, comptant parmi les rares espaces accessibles de la Casbah d’Alger, pour ensuite en faire des locaux administratifs et priver du coup leur accès aux visiteurs et touristes.
Extrêmement prisée par les visiteurs, la Citadelle ou « Dar Essoltane », comme aiment à l’appeler les Algérois. Fortification à l’origine, avant de servir de demeure aux deux derniers Deys d’Alger, elle n’est plus, aujourd’hui, qu’un immense chantier où les travaux s’éternisent. Malgré une enveloppe globale de 220 millions de dinars et des travaux entamés en 1990 pour le restaurer, ce site – construit à l’époque des frères Barberousse – se trouve actuellement, dans un état de « dégradation encore plus avancée ».
Dominant la baie d’Alger et sa Casbah, théâtre, en 1827, du fameux « coup de l’éventail », incident qui devait précipiter l’invasion française de l’Algérie, la Citadelle peine à tenir debout, au grand dam des amoureux de la Casbah, qui doivent encore attendre la fin 2015, date annoncée de la livraison d’une partie du site.

 

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