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Maghreb

840.000 Algériens ont quitté le pays sous Bouteflika contre 110.000 pendant la décennie 1990

Par Yacine Temlali 21 septembre 2014
La recherche d'une vie meilleure a été un moteur de l'émigration aussi puissant que la peur de l'instabilité politique et sécuritaire.

Cet article du Huffington Post Algérie est une synthèse de données statistiques publiées par l’Office de la migration internationale des Nations unies. Contrairement à une idée reçue, le grand départ n’a-t-il pas eu lieu dans les années 1990 mais dans la décennie 2000 de Bouteflika. Toutefois, les années 90 ont bien été les déclencheurs d’un mouvement qui n’a pas été stoppé par le reflux des violences.

 

930.000 personnes nées en Algérie vivaient à l’étranger en 1990. Le chiffre passe à 1.040.000 en 2000 et 1.710.000 en 2010 pour s’établir à 1.770.000 en 2013.

Ces chiffres sont tirés d’une carte publiée le 2 septembre par le think tank américain Pew Research Center et se basant sur les données de l’Office de la migration internationale des Nations unies. La carte détaille les pays d’origine et de destination des flux migratoires dans le monde.

La Division de la Population au sein de l’ONU, donne le qualificatif de « migrant international » à une personne qui vit depuis au moins une année dans un pays autre que celui où elle est née.

Les chiffres confirment en données brutes que la crise violente des années 1990 a été le début d’un nouveau grand flux migratoire des Algériens et s’est poursuivie dans les années 2000 marqué par un reflux des violences.

Les chiffres de Pew ne donnent pas de détails mais de manière empirique, on sait que le mouvement de migration a pris son élan dans le milieu des années 1990 – aux alentours de 1994-1995 – alors que le pays connaissait une escalade des violences.

Les années 2000, sous le règne de la « réconciliation » et malgré le reflux des violences ont connu un renforcement de ce mouvement d’expatriation.

Entre 1990 et 2000, alors que les violences étaient généralisées, il y a eu un accroissement très modéré de 110.000 nouveaux expatriés algériens. Mais dans les années 2000 dites de « réconciliation » ou de « paix relative » sous le règne de Bouteflika, ce sont 670.000 nouveaux expatriés qui se sont rendus en Europe, en France notamment, et en Amérique du Nord (Canada). Entre 2010 et 2013, ce sont 60.000 nouveaux expatriés qui ont été enregistrés.

Ainsi, contrairement à une idée reçue, le grand départ n’a-t-il pas eu lieu dans les années 1990 mais dans la décennie 2000 de Bouteflika. Toutefois, les années 90 ont bien été les déclencheurs d’un mouvement qui n’a pas été stoppé par le reflux des violences.

 

Fuite des élites

 

Les données fournies ne donnent pas de détails sur le profil des expatriés mais on sait que ces deux décennies ont été celles d’une hémorragie grave dans l’encadrement et les élites universitaires.

Le tableau des migrations confirme un peu l’hypothèse émise par des chercheurs que l’Algérie a perdu durant ces deux décennies une grande partie des cadres formés dans les universités du pays dans les décennies 70 et 80.

La France représente la principale destination des Algériens, Marocains et Tunisiens qui quittent leur pays d’origine. En tout, ce sont 2.780.000 migrants maghrébins qui se sont établis en France entre 1990 et 2013, soit 37% des immigrés qui vivent dans ce pays, formant la communauté maghrébine la plus nombreuse à l’étranger.
Les diasporas tunisienne et marocaine se répartissent plus ou moins équitablement entre les pays européens. 930.000 Marocains vivent en France contre 750.000 en Espagne, 430.000 en Italie et 170.000 aux Pays-Bas tandis que 390.000 Tunisiens vivent en France, 120.000 en Italie et 30.000 en Allemagne.

La répartition est beaucoup moins équilibrée pour l’Algérie. Sur les 1.770.000 Algériens vivant à l’étranger, 1.460.000, soit 82%, se trouvent en France. La deuxième communauté algérienne à l’étranger la plus nombreuse, loin derrière celle de l’Hexagone, se trouve en Espagne qui compte 60.000 immigrés algériens.

 

Immigration inter-maghrébine, algérienne surtout

Les Algériens quittent également leur pays pour vivre chez les voisins. Les chiffres, peu précis, indiquent que 20.000 se sont établis au Maroc et 10.000 en Tunisie entre 1990 et 2013. Ils représentent les communautés d’étrangers les plus nombreuses dans ces deux pays.
Le flux migratoire des maghrébins vers l’Algérie est moins important. Le nombre de Marocains vivant en Algérie est inférieur à 10.000 et celui des Tunisiens est encore plus bas : il ne dépasserait pas les 1.000.
L’Algérie accueille plutôt les réfugiés, notamment du Sahara Occidental (100.000), suivi de la Palestine (60.000) et de la Somalie (20.000). Le nombre total d’immigrés vivant en Algérie est estimé à 270.000, loin devant les 50.000 au Maroc et les 40.000 en Tunisie.

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