Un afflux de 425 personnes en trois jours met les autorités espagnoles sous le feu des critiques et ravive le débat sur la coopération bilatérale avec Alger.
Ces trois derniers jours, les services de secours maritimes et la Garde civile ont secouru 425 migrants en mer ou les ont interceptés à terre. Ces migrants, indique l’agence espagnole EFE sont arrivés aux Baléares à bord de 26 embarcations en provenance d’Algérie.
Selon le décompte de la délégation gouvernementale des Baléares 171 personnes sont arrivées à Majorque et Formentera mardi à bord de 10 embarcations. Ils ont été suivis mercredi par 189 autres sur les côtes de Majorque, d’Ibiza et de Formentera, arrivés à bord de 13 embarcations. Jeudi, peu après minuit, des agents de la Garde civile ont intercepté 24 migrants subsahariens arrivés à la marina Botafoc, à Ibiza. Le même jour 17 personnes « d’origine maghrébine » ont été arrêtées à Ibiza suivis par 24 autres.
Selon EFE, 395 embarcations transportant au moins 7 322 migrants sont arrivées aux îles Baléares, au cours de l’année 2025. L’année risque de se terminer par un record de 7500 à 8000 arrivant. En 2024, 5 882 migrants étaient arrivés par la mer dans l’archipel, selon un rapport du ministère de l’Intérieur.
Les rapports des services de sécurité espagnols indiquent que la grande majorité des arrivants sont des hommes jeunes, d’origine algérienne ou d’autres pays du Maghreb, confirmant ainsi que la « Route Algérienne » est devenue le « moteur principal » de ce flux vers l’Europe occidentale, selon des sources policières locales. Ce pic soudain, avec près de 400 arrivées concentrées sur deux jours, est interprété par les forces de l’ordre comme le signe d’une professionnalisation croissante des réseaux de passeurs, qui coordonnent les départs pour saturer les dispositifs de surveillance maritime espagnols.
Défis logistiques et critiques politiques
La réaction de la presse et des autorités espagnoles à cette crise a été immédiate, se concentrant sur les défis logistiques et la critique politique. Les médias régionaux et nationaux ont rapidement relayé l’état de saturation des îles. Les autorités des Baléares ont souligné que les capacités d’accueil et les centres de détention temporaire étaient « dépassés par l’urgence ». La Présidente des îles Baléares, Marga Prohens, a publiquement demandé au Gouvernement central à Madrid d’assumer sa responsabilité étatique et d’ordonner le « transfert immédiat des migrants » vers des communautés autonomes de la Péninsule. L’argumentaire de l’exécutif régional est que les îles ne peuvent absorber, seules, la gestion d’une vague aussi violente.
Au-delà des querelles internes sur la gestion, la presse espagnole a analysé la cause de cet afflux. Le quotidien de référence El País a notamment publié une analyse expliquant que cette vague massive est la conséquence directe d’une « pression socio-économique insoutenable en Algérie », qui pousse la jeunesse à l’exode malgré les risques.
Dans le champ politique et sécuritaire, la vague a rouvert le dossier de la coopération avec Alger. Les partis de l’opposition ont vivement critiqué la politique migratoire du gouvernement central, l’accusant d’un échec de la prévention en amont. Des analystes de la sécurité cités dans la presse ont mis en évidence la nécessité d’une coopération accrue, soulignant que Madrid doit « obtenir des résultats concrets en matière de rapatriements et de surveillance côtière » de la part des autorités algériennes..
(Article mis à jour 13H30 pour le chiffre des arrivants et le bilan de l’année)